La classe virtuelle à 4 temps

4 niveaux d'expertise pour des classes virtuelles qui tirent vraiment parti des spécificités du digital et qui impliquent les participants.
Classe virtuelle
Article écrit avec Florence Demaison (Cayla) - experte Speedernet en ingénierie pédagogique

Nouvel article de notre série des 4 niveaux de réponses (découvrez le précédent ici). Cette fois-ci, nous abordons la classe virtuelle. Depuis que la formation se pense également en distanciel, elle s’est imposée comme un standard.

Cela dit, vous aurez sans doute remarqué depuis début 2020 que réussir ce type d’exercice est tout sauf évident. Impliquer les apprenants, gérer les temps de parole, évaluer les acquis etc., rien de tout cela ne s’improvise et on se retrouve facilement à jongler avec plusieurs outils ou à reproduire des cours magistraux par confort ou manque de feedback.

C’est donc une modalité qui se cherche, évolue, se renouvelle, s’améliore et se professionnalise sans cesse. J’ai choisi ici de vous présenter 4 niveaux de conception pédagogique, qui correspondent finalement aux évolutions de ces dernières années en matière de classe virtuelle. En route donc pour une valse à mille temps où nous partirons d’un pas très simpliste pour aller vers des chorégraphies plus raffinées mais aussi – d’expérience – beaucoup plus efficaces, sachant que tout cela n’est qu’un support pour vos propres idées et découvertes futures.

Niveau 0 : La classe virtuelle, comme un fac similé du présentiel

Dans un temps encore pas si lointain, le monde de la formation tâtonnait pour s’approprier les outils digitaux et réaliser des actions en distanciel. Vaille que vaille, certains ont sauté le pas : un formateur, un outil de visioconférence, un support de présentation et un brin de courage pour se lancer. Et déroulez jeunesse, le PowerPoint défilait de la slide 1 à 124… Il fallait bien tenter le coup !

Mais les détracteurs ont très vite mis en exergue la principale lacune : la perte d’attention voir l’absentéisme des principaux concernés, les apprenants. C’est embêtant car les objectifs de montée en compétences n’étaient pas atteints, les apprenants étaient désabusés par le format et l’entreprise perdait son investissement…

Mais bref, laissons ça derrière nous et parlons du présent.

Niveau 1 : L’empathie, la clé du succès

Photo de Jean-Daniel Francoeur provenant de Pexels

Dans le niveau 1 de cet article, le formateur a conscience de la barrière technologique que peut représenter une visioconférence. Il utilise quelques bonnes pratiques, toujours d’actualité, pour insuffler au démarrage une dynamique et un rythme qui sauront apporter un petit contrepoids à cette contrainte.

En faisant preuve de plus d’empathie, il soigne particulièrement les tous premiers échanges avec le reste du groupe en mettant en place des actions telles que :

  • Être très présent à l’arrivée des participants pour les accueillir individuellement,
  • Interroger les participants sur les éventuelles difficultés techniques et les aider à les résoudre,
  • Rappeler les règles de fonctionnement du groupe spécifiques à de la visio (prise de parole, bienveillance etc.).

Dans cette version de la classe virtuelle, le monologue donc le descendant domine toujours. Ainsi, le risque de décrochage est élevé car l’appât de la boîte mail ou du téléphone reste très présent pour les apprenants.

Ici vous le comprenez, pas de slides moins nombreux ou plus adaptés, mais un formateur mieux préparé, plus attentif à son groupe et qui essaye de créer du lien. Je vous invite à intégrer l’empathie dès à présent dans votre démarche si ce n’est pas déjà le cas et je vous propose de nous pencher en plus sur le contenu et les techniques d’animation qui vous permettront d’aller vers les niveaux supérieurs.

Niveau 2 : Si loin mais si proche

En fait, animer une formation en classe virtuelle, ce n’est pas comme animer une formation en présentiel. Le rôle même du formateur est bousculé. Il ne peut plus se positionner comme le sachant mais devient l’animateur qui vient solliciter les connaissances et les compétences des participants pour les amener à être acteurs et partageurs de savoir. Par la suite, il peut enrichir leurs connaissances actuelles au travers d’apports complémentaires. 

Donc, au-delà de vouloir faire tomber la barrière de la technologie, c’est faire tomber la barrière de la distance qui importe ici.

Ainsi, l’animateur va créer un espace facilitant le dialogue. Les micros coupés pour éviter la cacophonie ne sont plus d’actualités. Toutes les techniques d’animation sont bonnes : 

  • en commençant bien évidemment par la discussion classique (certains outils de visio proposent des options permettant de demander la parole),
  • le chat et toutes les options très chouettes tels que les gifs, autocollants et mèmes. Avez-vous déjà essayé de demander aux participants de partager leur état d’esprit en début de session à travers des gifs ? ==>
  • la caméra peut aussi être un très bon moyen de communication. Un format de quiz que j’affectionne particulièrement est celui de la caméra on/off. Posez une première question : si les participants pensent que la réponse est oui, ils gardent leur caméra allumée, sinon, ils l’éteignent. Vous vouliez de l’interactivité ? Vous serez servi !
  • enfin ce sont les activités elles-mêmes qui peuvent faire la différence : 
    • proposez un challenge en équipe 
    • ou un classique mais tellement efficace “Question pour un champion”,
    • ou encore un quiz inversé (vous donnez une réponse, aux apprenants de retrouver la question)…

Quelle que soit l’option que vous retenez, ce type d’animations vous permettra de gagner en implication et en cohésion de groupe.

Vous l’aurez compris, le formateur/animateur laisse désormais la place à l’échange et à la discussion.

Grâce à des questions ouvertes il permet aux apprenants de partager ce qu’ils connaissent déjà et il apporte uniquement des compléments d’informations pertinents et ajustés au groupe.

Nous avons ainsi passé un niveau d’expertise, rien qu’en changeant la posture du formateur et en recréant de la proximité avec le groupe.

Voyons désormais comment avec cette nouvelle posture, tirer pleinement parti des nombreux outils digitaux qui s’offrent à nous.

Niveau 3 : Vers une classe virtuelle toujours plus digitale

Maintenant qu’on s’est affranchi des barrières technologiques et géographiques, pourquoi ne pas jouer avec tout ce qu’apporte le digital ? Vous êtes plus à l’aise avec l’environnement et les techniques d’animation mais vous aimeriez amener encore plus d’interactivité et d’innovation dans votre approche pédagogique ? Nombre d’outils sur le marché pourront vous y aider.

Cependant avant de creuser ces pistes, deux points méritent votre attention et sont à garder en tête en permanence :

  • assurez-vous que les participants aient une aisance avec le digital au niveau de ce que vous souhaitez leur proposer (évitons de les perdre à jongler avec différents outils s’ils ont déjà du mal à cadrer leur caméra ailleurs que sur leur front !),
  • ayez vous-même une certaine aisance à l’animation de classe virtuelle et assurez-vous de la pertinence de l’outil que vous avez retenu. Il s’agit de faire le bon dosage entre innovation et utilité. Par exemple, est-ce vraiment pertinent de proposer un outil de brainstorm avec des posts-its (certes très joli et visuel) alors que le tableau blanc proposé de base dans votre outil de visio peut répondre au même besoin ?

Si ces 2 aspects sont bien ancrés dans votre esprit alors foncez !

Tout d’abord, il ne faut pas négliger les options un peu plus avancées que proposent nombre d’outils de visioconférence : tableau blanc, pointeur laser, partage de documents, etc.

Ces outils simples permettent déjà – contrairement à ce que l’on a tendance à penser – de faire des activités de sous-groupes, ateliers etc. en distanciel, ce qui n’est pas rien !


Photo de Andrea Piacquadio provenant de Pexels
Photo de Andrea Piacquadio provenant de Pexels

Dans la série des outils qui facilitent la dynamique de la session, saviez-vous que Teams vient de développer une option permettant d’incruster votre profil au niveau de votre présentation ? Hé oui ça y est, votre rêve de tester le métier de présentateur météo peut enfin se réaliser !

Et pour votre support de présentation, avez-vous imaginé, ne serait-ce qu’une seconde, utiliser un autre format de support que le PowerPoint ? Prezi, vidéos, expériences immersives, modélisations 3D, infographies, mindmaps, sites web, applications mobiles, etc. En fait, le champ des possibles est très vaste, et nous rapproche finalement des modalités les plus intéressantes du présentiel.

Cela a d’ailleurs l’énorme avantage de varier les modalités, moduler le rythme de la formation et retenir ou recapter l’attention des participants si celle-ci est sur la pente descendante.

Dernier axe, où l’on peut certes facilement se perdre mais qui est tellement riche : piocher dans la liste quasiment infinie des applications et outils annexes d’animation pour venir compléter la séance avec d’autres activités originales et différenciantes.

Je pense notamment à des outils comme Klaxoon ou Wooclap qui au travers de leurs possibilités de quiz, sondages, etc. permettent d’apporter toujours plus d’interactions, de ludique et de collaboratif… mais ce ne sont que deux exemples parmi tant d’autres.

Conclusion

Vous l’aurez compris, pour moi une bonne classe virtuelle c’est déjà avoir la maîtrise du niveau 1 et 2. Une classe virtuelle innovante, c’est arriver à mettre en place avec pertinence des petits grains de folie, des petites touches de “différent”, qui viennent apporter un effet wahou juste à bonne dose. Mais s’essayer au niveau 3 sans maîtriser les niveaux précédents, c’est risquer une formation compliquée à mettre en œuvre, décousue et donc dure à suivre. Bref, tout le contraire de l’effet recherché ! Alors prenez un temps de recul sur votre pratique actuelle et inspirez-vous si nécessaire des quelques éléments que nous avons évoqué ici pour booster vos sessions de formation à distance.

Et d’ailleurs, vous, quels sont vos tips pour vous assurer le succès de votre classe virtuelle ? Partagez-les avec nous en commentaire de cet article ou sur nos réseaux sociaux.

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